23 janvier 2007

La France en deuil






PARIS (AFP), 08:57
© AFP



Portrait de l'abbé Pierre exposé le 22 janvier 2007 devant l'hôpital du Val de Grâce à Paris
L'Abbé Pierre, fondateur des compagnons d'Emmaüs et apôtre des sans-abri, s'est éteint lundi à l'âge de 94 ans à l'hôpital parisien du Val-de-Grâce, suscitant une vague d'hommages de tous horizons.L'événement



L'ensemble de la presse française salue mardi le combat de l'Abbé Pierre, décédé lundi à l'âge de 94 ans, contre l'exclusion sous toutes ses formes, qualifié de "révolte" et de "colère".
Un "hommage national" lui sera rendu vendredi, jour de ses funérailles à Notre-Dame de Paris, en présence du président Jacques Chirac et du gouvernement. Contrairement à la tradition, et à la demande de la famille, les drapeaux ne seront pas mis en berne.



Les obsèques de celui qui s'est éteint lundi à 5h25 après une semaine d'hospitalisation pour une bronchite se dérouleront en fin de semaine au cimetière d'Esteville (Seine-Maritime) "dans la plus stricte intimité", a annoncé le président d'Emmaüs France, Martin Hirsh.



Jeudi soir, Emmaüs organise un rassemblement en hommage au disparu à Bercy et la chapelle du Val de Grâce, où est déposé son cercueil, sera ouverte au public mercredi et jeudi.
"Avec cette disparition, c'est toute la France qui est touchée au coeur", a déclaré Jacques Chirac, dès l'annonce de la mort de l'Abbé. "La France", a-t-il dit, "perd une immense figure, une conscience, une incarnation de la bonté". En lui rendant hommage, l'ancien président de la République, Valéry Giscard d'Estaing, s'est prononcé pour des obsèques nationales, et l'ancien Premier ministre socialiste, Laurent Fabius, pour qu'il entre au Panthéon.



Martin Hirsch a raconté ses derniers instants : "l'Abbé Pierre est mort entouré de quelques proches. L'infection pulmonaire pour laquelle il avait été hospitalisé, après une amélioration tout au long de la semaine, l'a finalement emporté". "C'est bien entendu une peine terrible pour l'immense famille qu'il représentait, pour les compagnons et toutes celles et ceux qu'il a aidés", a ajouté M. Hirsch. "Le véritable hommage, c'est de continuer", a estimé Emmaüs France dans un communiqué.

L'Abbé Pierre au milieu d'une famille de sans-abris, le 02 février 1954 à Paris

"Mes amis, au secours! Une femme vient de mourir gelée cette nuit à 3h00". C'est ainsi qu'avait commencé l'appel de l'abbé Pierre, le 1er février 1954, lancé sur les ondes de Radio-Luxembourg, en faveur des sans-abri. Un appel qui allait devenir le symbole du combat de toute sa vie, la défense des mal-logés. L'Abbé Pierre, de son nom Henri Grouès, avait fondé la première communauté Emmaüs en 1949.
Jean-Louis Borloo, ministre de l'Emploi, a souhaité, à l'instar du député UMP Georges Fenech, président du groupe d'étude parlementaire sur les sans-abri, que le projet de loi sur le droit au logement opposable porte le nom de l'Abbé Pierre. Les réactions ont aussitôt afflué. L'Abbé Pierre "nous a montré la voie de la générosité individuelle et collective", "il manquera à tous les Français", a déclaré le Premier ministre Dominique de Villepin. "Le long cri de colère de l'Abbé Pierre contre la pauvreté ne doit pas s'éteindre ", a affirmé Ségolène Royal. "De la résistance à l'appel de 1954, de la création d'Emmaüs à son combat contre toutes les formes d'injustice, l'Abbé Pierre était la voix de l'insurrection et de l'interpellation", a déclaré pour sa part Nicolas Sarkozy.

"Bouleversé", Bernard Kouchner, fondateur de Médecins sans Frontières et ami de l'Abbé Pierre, a salué un "abbé de combat". L'annonce de la mort de l'Abbé Pierre a bouleversé nombre d'anonymes venus discrètement à l'entrée du Val-de-Grâce pour rendre hommage à "un père". De nombreux SDF interrogés dans Paris déploraient "un grand malheur".

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