26 août 2008

C'est arrivé près de chez vous

Cet article est paru ce matin dans OUEST FRANCE:



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mardi 26 août 2008

« Il m'insultait, me frappait, puis m'offrait des fleurs »

Les coups, la honte, la peur. Et, enfin, la décision qui libère. Hébergées au foyer de SOS Femmes, à Nantes, Carine et Caty ont accepté de raconter comment elles sont sorties du cercle infernal des violences conjugales.

« LES INSULTES ET LE RADIATEUR QUI VALSE. » Carine, 35 ans, actuellement Nantaise, a rencontré son compagnon à 21 ans. A emménagé très vite avec lui. Très vite aussi, le radiateur d'appoint a valsé dans la pièce. « Après, c'est moi qui ai volé à travers la pièce... ». Cinq ans de violences avant qu'elle ne réagisse. Pour Caty aussi, 53 ans, les violences ont commencé très vite, un an après le mariage. D'abord les insultes, la vaisselle cassée, puis les gifles... « À chaque fois, il s'excusait, allait me chercher des fleurs. Moi, je pensais qu'il allait changer... »

« PEUR POUR LES ENFANTS. » Pour se décider à porter plainte, il a fallu qu'elles aient peur, non pour elles, mais pour les enfants. Carine, en 1998 : « J'avais mon fils de 6 mois dans les bras quand il m'a frappée. Je suis allée voir un médecin que je ne connaissais pas, pour ne pas être jugée. Il a tout de suite compris la situation, m'a fait un certificat médical. Je n'aurais pas osé aller voir notre médecin traitant. »
Le jour où Caty a vu son mari pointer le fusil de chasse sur elle et frapper sa fille, elle n'a plus hésité. En 2003, elle quitte en catastrophe le domicile familial, une valise et ses enfants sous le bras. « Je suis allée voir une assistante sociale, je lui ai dit que je ne savais pas où dormir. Elle m'a répondu : « Ça va s'arranger. Il y a des médiations possibles.» Je pense qu'elle ne me croyait pas. » Les gendarmes, appelés par une de ses filles, étaient venus plusieurs fois. « Ils me disaient que j'étais dépressive. Mon mari embobinait tout le monde. »

« SA MÈRE, À LUI, A PORTÉ PLAINTE. » Dix ans de galère pour Carine, onze pour Caty. Les certificats médicaux n'ont servi à rien. Carine en possède trois. Son mari est convoqué après sa première plainte. « Il n'en menait pas large. Mais, de retour à la maison, il m'a obligée à rédiger une lettre de retrait de plainte. En contrepartie, il s'engageait à ne pas demander la garde de notre fils. » Deux ans plus tard, Carine quitte Ploërmel et son concubin. Elle s'installe à Nantes. « Il me menaçait, m'appelait la nuit. J'avais tout enregistré. Mais, à l'époque, ça n'était pas considéré comme des preuves. Ma seconde plainte a été classée sans suite. »
En 2006, enfin, les choses changent. Cette fois, c'est la mère de son ex-concubin qui a été frappée et qui porte plainte. Une procédure judiciaire est enclenchée. Carine témoigne. « J'ai vécu ce procès par procuration. C'est grâce à sa mère, en fait, que je me suis sentie libérée. »

« COTON, DE FAIRE PARTIR LE MARI. » « Les procédures sont longues. Il faut vraiment tomber sur la bonne personne pour que justice soit faite, estime Carine. C'est sûr, il faut apporter des preuves. Mais il faudrait aussi faciliter les procédures, les rendre plus rapides. Dès le dépôt de plainte, il faudrait obliger l'auteur de violences à partir. Car on n'est toujours pas protégée, sauf si on part et que l'on se cache. »
La plupart du temps, c'est la victime qui quitte la maison. Caty a été accueillie au foyer de SOS Femmes, à Nantes, avant de se retrouver un logement. Lors du jugement de non-conciliation, pour le divorce, le juge des affaires familiales lui avait octroyé la garde du domicile conjugal. « Mais ça a été coton de faire partir mon mari. Il m'a fallu encore deux mois de démarches pour récupérer la maison. »

« CINQ MOIS AVEC SURSIS ? PAS ASSEZ. » Oui, les choses ont évolué. Mais, estiment les deux femmes, même si les sanctions se sont durcies, ce n'est pas encore assez. En 2005, l'ex-mari de Caty a écopé de quinze jours de prison avec sursis, mise à l'épreuve de cinq ans, obligation de soins et 1 500 € de dommages et intérêts. Pour l'ex de Carine, cinq mois de prison avec sursis, deux ans de mise à l'épreuve et injonction de soins. « Pas assez, par rapport à ses actes », juge-t-elle. Autre regret : la garde des enfants. L'ex de Carine a la garde de son fils un week-end sur deux. « Le juge m'a fait comprendre que, tant que l'enfant n'était pas battu, il fallait maintenir les liens, même avec un parent défaillant. Faut-il attendre que l'enfant soit détruit pour réagir ? »

Yasmine TIGOÉ.


L'article dit aussi ceci:
En 1992, il y a eu une réforme du Code Pénal, qui dit qu'exercer des violences sur son conjoint est devenu une circonstance aggravante. Est apparu aussi le délit de harcèlement sexuel. En 2006, les violences sur l'ex-conjoint.
Les femmes sont encore nombreuses à ne pas porter plainte. Révéler ce qu'elles endurent reste déstructurant sur le plan psychologique, économique et professionnel. Il y a un environnement qu'on ne peut pas balayer comme ça.
Les chiffres avancés par des études (comme l'enquête Enveff, établie auprès de 7000 femmes de 20 à 59 ans, sont contestées). L'enquête dit que 75% des faits ne feraient l'objet d'aucune plainte.
En 2006, en France, au sein des couples, on a enregistré 168 décès par homicide (137 femmes et 31 hommes). En 2007, parmi les mis en cause pour des faits de violences, 88% sont des hommes.
(Propos recueillis dans l'article de Marylise COURAUD pour OUEST FRANCE)
On y réfléchit un peu et on essaie de réagir à son niveau. Si vous vous sentez touché(e), voir concerné(e) par le sujet, ça se passe par chez Thimothée.

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